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  • Photo du rédacteurClément Guérin

Ce que les étrangers ne vous diront pas en entretien d'embauche

Si vous demandez à Mohamed s’il est motivé, il vous répondra oui.

Et c’est à peu près tout.

Il vous dira peut-être qu’il a travaillé pendant plusieurs mois sur un chantier. Le bâtiment, c’est un secteur facilement accessible pour lui parce que c’est celui dans lequel il a toujours travaillé en Algérie.

Il vous parlera moins de ses problèmes de santé et de son mal de dos.

Il ne parlera non plus de la galère pour trouver un endroit où dormir certains soirs.

Ni des appels au 115 qui ne donnent rien parce qu’il n’y a plus de place en centre d’hébergement. Ni des nuits passées dans sa voiture avant de retourner au boulot le lendemain.



Si vous demandez à Renata si elle sait s’adapter, elle vous répondra oui.

Elle vous dira qu’elle est prête à accepter n’importe quel job.

Elle vous dira peut-être qu’elle préférerait travailler dans le domaine de la santé.

Elle ne vous dira pas que dans son pays elle était chirurgien-dentiste mais qu’elle ne peut pas exercer ici.

Elle vous cachera sa surqualification car elle a marre d’être recalée de toutes les offres auxquelles elle postule.

Parce qu’il vaut mieux un job à l’usine que rien du tout.



Si vous demandez à Précieuse si elle est résiliente, elle vous répondra oui.

Elle vous dira qu’elle a voyagé, qu’elle parle plusieurs langues, qu’elle a exercé différents métiers.

Elle ne vous dira pas que le gros trou sur son CV, ce sont des années d’exil.

Fuir son pays où les homosexuels sont tués, les camps en Grèce et en Turquie, se retrouver à la rue en arrivant en France.

Elle ne vous dira pas qu’elle avait toutes les raisons du monde de lâcher prise.

Pourtant, elle vient de terminer une formation de téléconseillère et à présent elle cherche un emploi.



On entend partout que les “soft skills” sont de plus en plus considérées.

Mais elles restent difficiles à identifier, surtout chez ce "public".


En entretien, leur timidité ou leur discrétion ne signifie pas forcément qu’ils ne vous comprennent pas ou qu’ils ne sont pas assez qualifiés pour le poste.

Bien souvent, cette réserve ou ce mutisme s’apparente davantage à de la pudeur, parfois même de la honte.


Là où il y aurait tant à valoriser.

Car toutes ces personnes sont incroyablement courageuses.

Ce sont des héros.

Traitons-les comme tels.




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